DEKKAR Asma

Dans un monde en mutation continuelle, les villes prennent chaque jour de nouvelle postures entre le triptyque ; économique, culturel et environnemental. Les progrès techniques ont mis la ville dans un champ expérimental très actif et une dynamique à acuité atroce. Alors, au lieu que le milieu urbain soit la première destination par excellence, la population citadine on en fuit au profit de la compagne. Cette nouvelle allure du phénomène d’exode qui s’est passé du mode rural au mode urbain a engendré une déprise démographique des centres villes. Le prodige a touché bien évidemment le contexte urbain algérien dans la région Est du territoire. Constantine, avec son secteur sauvegardé hanté d’un ample héritage d’espace habité, n’a pas pu échapper à ce phénomène. Le vieux tissu abrite un grand parc d’habitat colonial qui atteste une occupation très critique de l’espace habité. A l’ère actuelle on assiste à une régression de la population, mais contrairement à la tendance mondiale, les habitants du centre historique de Constantine prennent le départ vers les zones urbaines limitrophes. Les gens s’en aillent et mettent leurs biens en vacance matérielle, moral et même affective. En quittant leur maison les propriétaires capitalisent leur patrimoine pour sa plus-value économique et éludent sa valeur culturelle. On adoptant la philosophie palpable du concept « patrimoine habité » entre le fait de « vivre » et celui d’« investir », on se trouve face
à des réappropriations variées mais toujours loin de l’esprit du lieu et les fins de la préservation de cet héritage. Les nouveaux occupants exploitent l’espace habité pour la fonction ; commerciale, libérale et/ou autres. Ces appropriations qui obéissent aux nouvelles pratiques urbaines entrainent des dommages au niveau du bâti et défigurent souvent son image et son authenticité. Dans une tentative de préservation de la vieille ville de Constantine, l’Etat a investi dans plusieurs opérations de restauration et de réhabilitation mais les habitants ne cessent de s’évader de ce milieu socialement et spatialement bouleversé. Ce constat nous amène à s’interroger des causes qui portent les gens à partir et à s’éloigner de leurs propriétés ? Comment acceptent-ils les réappropriations fonctionnelles de leur patrimoine ? Entre la valeur culturelle du patrimoine habité et sa plus-value économique, quelle en est la réappropriation commode pour freiner l’exode urbain dans le vieux tissu de la ville de Constantine ? Notre perspective de recherche vise à identifier les litiges instaurés entre le vécu du patrimoine habité en mode de réappropriation fonctionnelle et la réalité urbaine de la ville soumise au plan d’action et l’agenda politique du pays.